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ÉDUCATION PRIVÉE ET PUBLIQUE.


ce rapport elle mérite bien le nom de culture. La direction est ce qui sert de guide dans la pratique de ce que l’on veut apprendre. D’où la différence entre le précepteur, lequel est simplement un professeur, et le gouverneur *, qui est un directeur *. Le premier donne uniquement l’éducation de l’école ; le second, celle de la vie.

La première époque chez l’élève est celle où il doit montrer de la soumission et une obéissance passive ; la seconde, celle où on lui laisse déjà faire usage de sa réflexion et de sa liberté, mais à la condition qu’il les soumette à des lois. Dans la première il y a contrainte mécanique ; dans la seconde, contrainte morale.

L’éducation est ou privée ou publique. La dernière ne se rapporte qu’à l’enseignement, et celui-ci peut toujours rester public. La pratique des préceptes est laissée à la première. Une éducation publique complète est celle qui réunit les deux choses : l’instruction et la culture morale. Son but est de provoquer une bonne éducation privée. Une école où cela se pratique s’appelle un institut d’éducation. Il ne peut y avoir beaucoup d’instituts de ce genre, et ils ne sauraient admettre un bien grand nombre d’élèves ; car ils sont très-coûteux, et leur seul établissement demande déjà beaucoup d’argent. Il en est de ces instituts comme des arsenaux et des hôpitaux. Les édifices qu’ils exigent et le traitement des directeurs, des surveillants et des domestiques prennent déjà la moitié de l’argent destiné à cet usage, et il est prouvé que, si l’on remettait cet argent aux pauvres dans leurs maisons, ils seraient beaucoup mieux soignés. — Il est difficile aussi d’obtenir des riches qu’ils envoient leurs enfants dans ces instituts.

Le but de ces instituts publics est le perfectionne-