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Page:Kant-Traité de pédagogie (trad. Barni), 1886.pdf/64

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DE LA SOUMISSION.


jusqu’à la seizième année. Après cette époque, on peut bien encore avoir recours à des maîtres qui continuent de le cultiver, et le soumettre à une discipline secrète, mais il n’y a plus d’éducation régulière à lui donner.

La soumission de l’élève est ou positive, — en ce sens qu’il doit faire ce qui lui est prescrit, puisqu’il ne peut juger par lui-même et que la faculté d’imitation existe encore en lui ; — ou négative, en ce sens qu’il doit faire ce que désirent les autres, s’il veut qu’à leur tour ceux-ci fassent quelque chose pour lui plaire. Il est exposé, dans le premier cas, à être puni ; dans le second, à ne pas obtenir ce qu’il désire ; il est ici, bien qu’il puisse déjà penser, sous la dépendance de son plaisir.

Un des plus grands problèmes de l’éducation est de concilier sous une contrainte légitime la soumission avec la faculté de se servir de sa liberté. Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment cultiver la liberté par la contrainte ? Il faut que j’accoutume mon élève à souffrir que sa liberté soit soumise à une contrainte, et qu’en même temps je l’instruise à en faire lui-même un bon usage. Sans cela il n’y aurait en lui que pur mécanisme ; l’homme privé d’éducation ne sait pas se servir de sa liberté. Il est nécessaire qu’il sente de bonne heure la résistance inévitable de la société, afin d’apprendre à connaître combien il est difficile de se suffire à soi-même, de supporter les privations et d’acquérir de quoi se rendre indépendant.

On doit observer ici les règles suivantes : 1° Il faut laisser l’enfant libre dès sa première enfance et dans tous les moments (excepté dans les circonstances où il