Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/25

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Nous avons suivi dans la traduction les mêmes principes d’objectivité et d’exactitude que dans le travail critique préparatoire. Notre but n’a jamais été de faire une œuvre littéraire. Devant interpréter un philosophe qui a porté toute son attention aux choses, nous ne pouvions que suivre son exemple et préférer à la forme la pensée nue : n’aurions-nous pas d’ailleurs couru le risque de défigurer la Critique si nous avions, voulu nous attacher au style ? Notre ambition, la seule légitime, a été de traduire aussi littéralement que possible, de conserver aux phrases leur allure et leur couleur. Pour venir à bout de cette entreprise nous n’avons pas hésité, quand nous l’avons cru nécessaire, à employer des mots qui nous ont paru pouvoir prendre une place légitime dans la langue philosophique. C’est ainsi, par exemple, que nous traduisons anschauen par intuitionner. Qu’on veuille bien nous pardonner cette audace et d’autres semblables ; l’avenir dira si nous avons été bien inspirés. Nous avions encore eu l’idée, au début de ce travail, de laisser subsister dans le texte français les mots allemands auxquels ne correspondent pas d’équivalents absolument exacts dans notre langue, quitte à donner le sens de chacun de ces termes dans une table alphabétique de la terminologie kantienne. Mais à la réflexion une pareille tâche nous a semblé dépasser le rôle de simples traducteurs dans lequel nous tenions à nous renfermer. Il aurait été difficile de définir les termes employés par Kant, sans exprimer des opinions personnelles et sans faire œuvre de commentateurs. Nous demeurons cependant convaincus de l’utilité que présenterait un pareil travail, mais nous croyons qu’il n’aura qu’à gagner à être présenté séparément. Cette décision nous a conduits à donner une traduction aussi