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Page:Kant - Critique de la raison pure, 1905.djvu/96

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esthétique transcendantale

êtres réels ? Sont-ils seulement des déterminations ou même des rapports des choses, mais des rapports de telle espèce qu’ils ne cesseraient pas de subsister entre les choses, même s’ils n’étaient pas intuitionnés ? Ou bien sont-ils tels qu’ils ne tiennent qu’à la forme de l’intuition et par conséquent à la constitution subjective de notre esprit (Gemüth) sans laquelle ces prédicats ne pourraient être attribués à aucune chose. Pour nous instruire là-dessus, examinons d’abord l’espace[1]. [J’entends par exposition (expositio) la représentation claire, quoique non détaillée, de ce qui appartient à un concept ; mais cette exposition est métaphysique lorsqu’elle contient ce qui représente le concept comme donné a priori][2].

1) L’espace n’est pas un concept empirique qui ait été tiré d’expériences externes. En effet, pour que certaines sensations puissent être rapportées à quelque chose d’extérieur à moi (c’est-à-dire à quelque chose situé dans un autre lieu de l’espace que celui dans lequel je me trouve) et, de même, pour que je puisse me représenter les choses comme en dehors [et à côté][3] les unes des autres, — par conséquent comme n’étant pas seulement distinctes, mais placées dans des lieux différents, — il faut que la représentation de l’espace soit posée déjà comme fondement. Par suite la représentation de l’espace ne peut pas être tirée expérimentalement des rapports des phénomènes extérieurs, mais l’expérience extérieure n’est elle-même possible qu’au moyen de cette représentation.

2) L’espace est une représentation nécessaire a priori qui sert de fondement à toutes les intuitions extérieures. On ne peut jamais se représenter qu’il n’y ait pas d’espace, quoique l’on puisse bien penser qu’il n’y ait pas d’objets dans l’espace. Il est considéré comme la condition de la possibilité des phénomènes, et non pas comme une détermination qui en dépende, et il estime représentation a priori qui sert de fondement, d’une manière nécessaire, aux phénomènes extérieurs.

< 3) Sur cette nécessité a priori se fondent la certitude apodictique de tous les principes géométriques et la possibilité de leur construction a priori. En effet, si cette représentation de l’espace était un concept acquis a posteriori qui serait

  1. 2e édition : examinons d’abord le concept de l’espace.
  2. Ajouté dans la 2e édition.
  3. Ajouté dans la 2e édition.