Aller au contenu

Page:Kant - Critique de la raison pure, I-Intro.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxii
ANALYSE DE LA CRITIQUE


puisse s’appliquer aux phénomènes, sinon par le moyen du temps ?

Schématisme de l’entendement pur :

Kant désigne cette forme sous le nom de schème, et il appelle schématisme de l’entendement pur le procédé général que suit l’esprit dans cet acte par lequel il donne cette forme à ses concepts purs. Le schème n’est toujours par lui-même qu’un produit de l’imagination : comment, par exemple, former le schème de nombre sans une synthèse de l’imagination ? Mais il faut bien distinguer le schème de l’image : quand, par exemple, je place cinq points les uns à côté des autres, je me forme une image du nombre cinq ; mais quand je pense un nombre en général, ou même quand je pense un nombre déterminé, mais très-élevé, la représentation de ce nombre est un schème, sans être une image : c’est la représentation d’un procédé de l’imagination, qui consiste à déterminer un concept suivant une règle générale et sert lui-même à procurer en conséquence à ce concept son image. Le schème n’est donc pas l’image ; il en est même si différent qu’il n’y a point d’image correspondante qui lui puisse être adéquate. Il n’y a point, par exemple, d’image du triangle qui puisse être jamais adéquate au concept d’un triangle en général (v. p. 202). L’image d’un triangle est toujours en effet celle d’un triangle, soit rectangle, soit acutangle, etc. ; tandis que le schème du triangle comprend toutes ces figures : ce schème ne peut donc exister ailleurs que dans la pensée. L’image est un produit empirique de l’imagination productive ; le schème est un produit de l’imagination pure qui rend lui-même possibles les images.

Table des schèmes transcendentaux.

Si l’on veut maintenant tracer le tableau des schèmes transcendentaux auxquels donnent lieu les concepts purs de l’entendement, il n’y a qu’à reprendre celui des catégories pour voir comment, par le moyen du temps, qui est le schème fondamental, chacune d’elles peut s’appliquer à l’intuition. On aura ainsi, 1° pour la catégorie de la quantité et ses subdivisions, unité, pluralité, totalité, le nombre, qui n’est que l’unité de la synthèse que j’opère entre les diverses parties d’une intuition en général, en introduisant le temps dans l’appréhension de l’intuition ; 2° pour les catégories de la qualité, cette production continue de la réalité dans le temps qui descend d’un certain degré de la sensation à son entier évanouissement et arrive ainsi à la négation, on remonte de cette négation au réel ; 3° dans la catégorie de la relation, a. comme schème de la substance, la