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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/110

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rience la légitimité repose sur la liaison nécessaire des phénomènes en une expérience (sans laquelle nous ne pouvons connaître absolument aucun objet du monde sensible), par conséquent sur les lois primitives de l’entendement, il paraîtra tout d’abord étrange, quoique rien ne soit plus certain, que je dise de ces dernières, que l’entendement ne tire pas ses lois (a priori) de la nature, mais qu’il les lui impose.


§ XXXVIII.

Nous expliquerons cette proposition qui semble hasardée, par un exemple destiné à montrer que des lois que nous découvrons dans des objets de l’intuition sensible, lors surtout qu’elles sont reconnues comme nécessaires, sont déjà tenues par nous comme posées par l’entendement, quoique d’ailleurs semblables en tout point à des lois physiques que nous assignons à l’expérience.

Si l’on considère les propriétés du cercle, au moyen desquelles cette figure réunit tant de déterminations arbitraires de l’espace en elle, et par le fait en une règle universelle, on ne peut se dispenser d’attribuer à cette chose géométrique une nature. Ainsi, par exemple, deux lignes qui se coupent entre elles et qui coupent en même temps le cercle, quelle que soit leur direction, sont cependant toujours si régulières que le rectangle qui résulte des parties de chacune d’elles est égal au rectangle de l’autre. Or, je le demande : « Cette loi est-elle dans le cercle ou dans l’entendement ? » C’est-à-dire cette figure con-