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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


parti pour suppléer au principe des jugements analytiques, le principe de contradiction, et s’étendre synthétiquement a priori par la raison.

3° Son système de l’harmonie préétablie, quoiqu’il fût proprement destiné à expliquer le commerce entre lame et le corps, devait néanmoins avoir un but supérieur et général : l’explication de la possibilité du commerce entre différentes substances qui composent un tout ; et l’on y arrivait inévitablement, parce que des substances doivent déjà se concevoir comme parfaites, isolément prises, si rien autre d’ailleurs ne leur convient ; car par le fait qu’aucun accident, qui a sa raison dans une autre substance, ne peut adhérer à chacune d’elles par sa propre substance, mais, au contraire, ne doit dépendre en rien d’autres substances, alors même qu’elles existeraient, et quoiqu’elles relevassent toutes d’une troisième (l’être primitif) comme effets de leur cause ; il n’y a pas de raison pour que les accidents d’une substance doivent se fonder sur une autre substance extérieure de même espèce par rapport à leur état. Si donc elles doivent néanmoins, comme substances cosmiques, être en commerce, ce commerce ne peut qu’être idéal, et aucune influence réelle (physique) n’est possible, parce qu’elle suppose la possibilité de l’action mutuelle, comme si elle s’entendait de leur seule existence (ce qui n’est cependant pas). C’est-à-dire qu’il faut regarder l’auteur de l’existence comme un artiste qui a modifié ou arrangé dans le temps, ou même dès le commencement du monde, ces substances parfaitement isolées en soi, de telle façon