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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


qu’elles fussent entr’elles en parfaite harmonie, comme si, par suite du rapport de causalité, elles agissaient réellement les unes sur les autres. Le système des causes occasionnelles ne paraissant pas être aussi propre à l’explication par. un principe unique que celui-ci, le systema harmoniœ stabilitœ, la plus merveilleuse fiction qu’ait imaginée jamais la philosophie, dut donc céder la place, par la raison que tout devait être expliqué et défini par des notions.

Si l’on admet, au contraire, l’intuition pure de l’espace, comme il est a priori au fondement de toutes les relations extérieures, et n’est qu’un seul espace, toutes les substances se trouvent par là reliées dans des rapports qui rendent possible l’influence physique et forment un tout ; en sorte que tous les êtres, comme choses dans l’espace, ne constituent qu’un seul monde, et ne peuvent être plusieurs mondes en dehors les uns des autres. Cette proposition de l’unité du monde, lorsqu’elle ne se compose que de simples notions, sans une intuition qui en soit la base, ne peut absolument pas être prouvée.

4° Sa monadologie. Suivant les simples notions, toutes les substances du monde sont ou simples ou composées de simples, car la composition n’est qu’un rapport sans lequel elles conserveraient nécessairement encore leur existence comme substances. Or ce qui reste, après avoir supprimé la composition, c’est le simple. Tous les corps, si on les conçoit simplement comme agrégats de substances, se composent donc de substances simples. Or toutes les substances doivent