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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


sensibles. En d’autres termes, nous ne pouvons absolument rien connaître de la nature d’objets sursensibles, de Dieu, de notre propre liberté, de notre âme (séparée du corps). Que pourrions-nous savoir de ce principe interne de tout ce qui fait partie de l’existence de ces choses, des conséquences et des effets par lesquels leurs phénomènes, leur principe, l’objet même, ne nous sont que très peu explicables !

Il ne s’agit donc plus que de savoir si, malgré cela, il ne peut y avoir de ces objets sursensibles une connaissance pratiquement dogmatique, qui serait le troisième stade de la métaphysique et en remplirait tout le but.

Dans ce cas nous pourrions admettre la chose sursensible, non comme elle est en soi, mais seulement comme nous la concevons avec ses propriétés, pour être d’accord avec l’objet pratiquement dogmatique du principe moral pur, à savoir la fin dernière, qui est notre souverain bien. Nous ne rechercherions pas alors quelle peut être la nature des choses que nous nous faisons à nous-mêmes, par pur intérêt pratique encore, et qui n’ont peut-être aucune existence en dehors de l’Idée, qui ne sont peut-être pas possibles (quoiqu’elles n’impliquent d’ailleurs aucune contradiction) parce que nous ne pourrions que nous égarer dans l’immensité. Nous nous contentons de savoir, ce qui est conforme à cette Idée que la raison conçoit nécessairement, que ces choses président aux principes moraux des actions. C’est une connaissance et un savoir pratiquement dogmatique delà qualité de l’objet,