Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/107

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zemsky (9) 1565. et d’autres favoris. On leur amenait des jeunes gens, dans lesquels on ne recherchait pas la distinction du mérite, mais une certaine audace ; cités pour leurs débauches et une corruption qui les rendait propres à tout entreprendre. Jean leur adressait des questions sur leur naissance, leurs amis, leurs protecteurs. On exigeait surtout qu’ils n’eussent aucune espèce de liaison avec les grands boyards : l’obscurité, la bassesse même de l’extraction était un titre d’adoption. Le tzar porta leur nombre jusqu’à 6,000 hommes, qui lui prêtèrent serment de le servir envers et contre tous ; de dénoncer les traîtres, de n’avoir aucune relation avec les citoyens de la commune, c’est-à-dire avec tout ce qui n’était pas inscrit dans la légion des élus, de ne connaître ni parenté, ni famille, lorsqu’il s’agirait du souverain. En récompense, leur tzar leur abandonna non-seulement les terres, mais encore les maisons et les biens-meubles de douze mille propriétaires qui furent chassés, les mains vides, des lieux affectés à la légion, de sorte qu’un grand nombre d’entre eux, hommes distingués par leurs services, couverts d’honorables blessures, se trouvèrent dans la cruelle nécessité de partir à pied, pendant l’hiver, avec leurs femmes et leurs enfans, pour d’autres domaines