Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/186

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1569. pillage, dans ces lieux où personne ne songeait à l’ennemi ; où des sujets paisibles, n’ayant aucun crime à se reprocher, accueillaient leur monarque comme un père, comme un défenseur. Aussitôt les maisons, les rues se remplissent de cadavres. On massacre même les femmes et les enfans. Depuis Klin jusqu’à Gorodnia, et même au delà de ce bourg, ces monstres marchèrent le glaive nu, couverts du sang des infortunés habitans, et arrivèrent ainsi jusqu’à Tver. Là, dans une étroite cellule du monastère d’Otrotch, respirait encore le saint vieillard Philippe, conjurant en vain le ciel d’adoucir le cœur de Jean. Le tyran n’avait point oublié ce prélat, banni pour sa généreuse fermeté, et il lui envoya Maluta Skouratof, sous le prétexte de lui demander sa bénédiction. Le vieillard répondit qu’il ne bénissait que les gens de bien et pour de bonnes œuvres ; devinant le motif de la mission du favori, il ajouta avec douceur : « depuis long-temps j’attends la mort : que la volonté du souverain soit accomplie ! » Elle le fut : l’odieux Skouratof étouffa le saint homme ; mais afin de cacher cet assassinat, il déclara à l’abbé et aux moines que Philippe était mort dans sa cellule, asphyxié par la chaleur. Les religieux, saisis d’effroi, creusèrent une tombe derrière le