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1581. Dans ces lieux dévastés par la guerre, incendiés par l’ennemi, au milieu de déserts couverts de neige, on vit paraître tout à coup le luxe et la magnificence ; les dignitaires du tzar et leur suite étaient richement vêtus, et l’or resplendissait sur leurs habits ainsi que sur les harnois de leurs chevaux. Sous des tentes où de grands feux étaient allumés, on voyait étalées des marchandises précieuses ; mais on n’avait que des chaumières enfumées pour logement, du mauvais pain pour nourriture, de l’eau de neige pour boisson. Les ambassadeurs russes mangeaient seuls de la viande qu’on leur apportait de Novgorod et dont ils régalaient tous les jours le jésuite Antoine. Les négociations s’entamèrent sur-le-champ, et Batory, après avoir donné les instructions nécessaires à ses ministres ainsi qu’à Zamoïsky, son principal voïévode, se mit en route pour Varsovie, en prononçant ces mots : « Je pars avec une troupe fatiguée et affaiblie, pour revenir bientôt à la tête d’une armée nouvelle. »

Ce départ, qui, sans doute, avait pour but d’obtenir de nouveaux secours de la diète, était, dans les circonstances où se trouvait le roi, une témérité de sa part. L’armée exténuée montrait des dispositions séditieuses ; elle maudissait le