Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/100

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ment leurs Ambassadeurs dans sa maison (69), voulait paraitre modeste, et, à cet effet, cédait, dans le Conseil, la préséance aux seigneurs plus anciens que lui ; mais quoiqu’il y siégeât à la quatrième place, d’un seul mot, d’un seul regard ou d’un seul geste, il imposait silence à la contradiction. Il inventait des distinctions, des marques de la faveur souveraine, pour flatter la vanité des Boyards. C’est ainsi qu’il introduisit l’usage des diners invités, pour les membres du Conseil, dans les appartemens intérieurs du palais (70), où Fédor recevait les Godounoff et les Schouisky, quelquefois sans inviter Boris. Vaine ruse ; ceux que le Grand Boyard admettait ces jours-là à sa table, étaient enviés par les hôtes mêmes du Monarque. Tout le monde savait que le Régent ne laissait à Fédor que le nom de Tsar, et ce n’était pas seulement parmi les premiers personnages de l’État, mais même dans la bourgeoisie de la capitale, qu’on avait en général peu d’amour pour Boris. Un pouvoir absolu entre les mains, même du plus digne des sujets, déplait à la nation ; Adacheff avait eu de l’empire sur le cœur d’Ivan ; il gouverna