Aller au contenu

Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Russie, mais il se tint toujours modestement derrière un Monarque plein d’énergie et d’activité ; il fut comme invisible au milieu de la gloire d’Ivan : Godounoff, au contraire, commandait en souverain ; il se plaçait orgueilleusement devant le trône, et semblait effacer par son éclat la splendeur du faible Monarque. On plaignait la nullité de Fédor, et on ne voyait en Godounoff que l’usurpateur de la souveraineté. On se rappelait son origine tatare (71), et l’on rougissait de l’abaissement des successeurs de Rurik. On écoutait ses flatteurs avec indifférence, et ses ennemis avec intérêt ; on croyait facilement ceux-ci lorqu’ils disaient que le gendre de Malutin, favori d’Ivan, était un tyran encore timide. Tout ce qu’il avait fait pour le bien général, ses entreprises les plus heureuses, ne faisaient qu’irriter l’envie, envenimer ses traits, et mettre le favori dans la dangereuse nécessité d’agir par la terreur ; mais il chercha à éloigner encore ce moyen extrême : c’est pour l’éviter qu’il parut désirer une réconciliation avec les Schouisky, qui, ayant des amis dans le Conseil et des gens dévoués parmi le peu-