Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/102

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ple, surtout parmi les marchands, ne cessaient de témoigner ouvertement leur inimitié contre Godounoff (72). Le prélat Dionisi se chargea du rôle de pacificateur : il ménagea aux deux partis une entrevue dans son palais, au Kremlin, et parla au nom de la patrie et de la religion. Il paraissait les avoir touchés et convaincus. Boris, avec l’apparence de la sincérité, tendit la main aux Schouisky : ils jurèrent de vivre en frères, et de travailler, d’un commun accord, au bonheur de l’État. Le prince Ivan Schouisky, sortit avec un air radieux de chez le Métropolitain, et se rendit sur la grande place du palais, afin d’informer de cette heureuse réconciliation, le peuple que la curiosité y avait rassemblé : ce qui prouve le vif intérêt qu’à cette époque les citoyens prenaient aux affaires publiques ; ils commençaient déjà à se relever de l’abattement où les avait plongés la tyrannie d’Ivan. Tous écoutèrent en silence le héros de Pskoff ; mais deux marchands sortirent de la foule en disant : « Prince Ivan, c’est de nos têtes que nous payerons votre réconciliation ; et vous et nous, serons à la fois victimes de Boris ».