impunis, assiégeaient le palais du Tsar, et racontaient tout ce qu’ils avaient vu ou entendu dans les maisons des Boyards, dans les chaumières, dans les couvens ou dans les églises. Les serviteurs dénonçaient leurs maîtres ; les moines, les prêtres, les sacristains compromettaient des gens de tout état (120) ; à la honte de l’humanité, les femmes rendaient témoignage contre leurs maris ; les enfans contre leurs pères ! « Même, dans les hordes sauvages, ajoute l’Annaliste, on ne vit jamais horreur semblable. Les Seigneurs n’osaient regarder leurs esclaves ; les parens et les amis craignaient de causer librement entre eux, à moins de s’engager mutuellement, par un serment terrible, à la plus entière discrétion ». En un mot, cette déplorable époque du règne de Boris, le cédant en meurtres à celle d’Ivan, ne lui cédait ni en dépravation, ni en iniquités. Héritage funeste pour les temps à venir !
Cependant la générosité n’était point étouffée dans le cœur des Russes ; elle survécut à Ivan et à Godounoff pour sauver la patrie : on plaignait les victimes et on avait horreur