On objecte encore : « Que le roi Sigismond n’aurait point pris une part aussi vive au sort d’un imposteur, et que Mnichek n’aurait point donné sa fille à un vagabond ». Mais le Roi et Mnichek pouvaient être crédules dans une circonstance si séduisante pour leurs passions. Sigismond espérait donner aux Russes un Tsar catholique, élevé au Trône par ses bienfaits ; et le Voïévode de Sendomir sentait son orgueil flatté, de voir monter sa fille sur le trône de Moscou. Et qui peut assurer que réellement ils ne doutaient pas du rang élevé du fugitif ? Le succès était plus important pour eux que la vérité. Le Roi n’osa pas reconnaître solennellement Otrépieff pour le véritable Dmitri, jusqu’au moment de son entier triomphe ; et le Voïévode de Sendomir, n’ayant fait qu’un essai en sacrifiant une partie de sa fortune à l’espoir de la grandeur, abandonna son gendre futur, lorsqu’il vît de l’opposition de la part des Russes. Sigismond et Mnichek se trompèrent peut-être, non dans leur opinion sur les droits de l’Imposteur, mais seulement dans celle qu’ils s’étaient formée, de sa sagesse ou de sa fortune, croyant qu’il