Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/210

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« C’est une expiation imposée à l’abus que l’on a pu faire de certaines facultés ; c’est un temps d’arrêt. »

― Un corps d’idiot peut ainsi renfermer un Esprit qui aurait animé un homme de génie dans une précédente existence ?

« Oui, le génie devient parfois un fléau quand on en abuse. »

La supériorité morale n’est pas toujours en raison de la supériorité intellectuelle, et les plus grands génies peuvent avoir beaucoup à expier ; de là souvent pour eux une existence inférieure à celle qu’ils ont déjà accomplie, et une cause de souffrances ; les entraves que l’Esprit éprouve dans ses manifestations sont pour lui comme les chaînes qui compriment les mouvements d’un homme vigoureux. On peut dire que le crétin et l’idiot sont estropiés par le cerveau, comme le boiteux l’est par les jambes, l’aveugle par les yeux.

374. L’idiot, à l’état d’Esprit, a-t-il la conscience de son état mental ?

« Oui, très souvent ; il comprend que les chaînes qui entravent son essor sont une épreuve et une expiation. »

375. Quelle est la situation de l’Esprit dans la folie ?

« L’Esprit, à l’état de liberté, reçoit directement ses impressions et exerce directement son action sur la matière ; mais, incarné, il se trouve dans des conditions toutes différentes, et dans la nécessité de ne le faire qu’à l’aide d’organes spéciaux. Qu’une partie ou l’ensemble de ces organes soit altéré, son action ou ses impressions, en ce qui concerne ces organes, sont interrompues. S’il perd les yeux, il devient aveugle ; si c’est l’ouïe, il devient sourd, etc. Imagine maintenant que l’organe qui préside aux effets de l’intelligence et de la volonté soit partiellement ou entièrement attaqué ou modifié, il te sera facile de comprendre que l’Esprit n’ayant plus à son service que des organes incomplets ou dénaturés, il en doit résulter une perturba-