Page:Kardec - Le livre des esprits, 2è édition, 1860.djvu/367

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reconnu coupable, avec ce qui se pratiquait dans des temps qui ne sont pas encore très éloignés, on ne peut méconnaître la voie progressive dans laquelle marche l’humanité.

761. La loi de conservation donne à l’homme le droit de préserver sa propre vie ; n’use-t-il pas de ce droit quand il retranche de la société un membre dangereux ?

« Il y a d’autres moyens de se préserver du danger que de le tuer. Il faut d’ailleurs ouvrir au criminel la porte du repentir et non la lui fermer. »

762. Si la peine de mort peut être bannie des sociétés civilisées, n’a-t-elle pas été une nécessité dans des temps moins avancés ?

« Nécessité n’est pas le mot ; l’homme croit toujours une chose nécessaire quand il ne trouve rien de mieux ; à mesure qu’il s’éclaire, il comprend mieux ce qui est juste ou injuste et répudie les excès commis dans les temps d’ignorance au nom de la justice. »

763. La restriction des cas où l’on applique la peine de mort est-elle un indice de progrès dans la civilisation ?

« Peux-tu en douter ? Ton Esprit ne se révolte-t-il pas en lisant le récit des boucheries humaines que l’on faisait jadis au nom de la justice, et souvent en l’honneur de la Divinité ; des tortures que l’on faisait subir au condamné, et même à l’accusé pour lui arracher, par l’excès des souffrances, l’aveu d’un crime que souvent il n’avait pas commis ? Eh bien ! si tu avais vécu dans ces temps-là, tu aurais trouvé cela tout naturel, et peut-être toi, juge, en aurais-tu fait tout autant. C’est ainsi que ce qui paraissait juste dans un temps paraît barbare dans un autre. Les lois divines sont seules éternelles ; les lois humaines changent avec le progrès ; elles changeront encore jusqu’à ce qu’elles soient mises en harmonie avec les lois divines. »