Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/83

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droits, il se montre mesquinement chicanier et partial. Que Chopin confonde les jours et les dates, les numéros d’opus de ses œuvres ou bien le chiffre exact de la somme qu’il a reçue pour chacune de ses œuvres, ce n’est là « qu’un oubli », une « distraction compréhensible ». Mais que, dans une lettre de Majorque, George Sand écrive que la douane, pour un piano expédié à Chopin à Palma de Mallorca, ait exigé 300 francs, tandis que dans un Hiver à Majorque, — souvenirs écrits de mémoire — la somme citée soit de 400 francs, cette différence est attribuée à la rage que George Sand a de tout enjoliver, de tout exagérer. Nous croyons pouvoir dire que, jusqu’à Niecks, aucun critique, si hostile qu’il se soit montré envers George Sand, ne l’avait jamais soupçonnée de cupidité, n’avait attaché aucune importance à ce qu’elle dit dans l’Histoire, que l’une des causes de son départ pour Paris, en 1831, avait été précisément le désir d’avoir plus d’argent ; aucun d’eux n’a prétendu que l’argent seul eût été le mobile de son divorce, que les mauvais traitements de son mari et les autres chefs d’accusation qu’elle portait contre lui, n’avaient été invoqués au tribunal que pour les besoins de sa cause. Tout au contraire, les amis et les ennemis de George Sand sont unanimes à reconnaître qu’elle était si peu économe, qu’elle s’entendait si peu à faire des épargnes et à conduire ses affaires, en un mot, qu’elle attachait si peu de prix au vil métal, qu’elle se laissait toujours duper, jetait l’argent par les fenêtres, donnait à droite et à gauche et aimait à venir en aide aux autres autant qu’elle le pouvait. C’est là un fait que tout le monde, et elle-même, reconnaissent et que Niecks admet comme tous les autres. Il est donc bien naturel qu’une capitaliste aussi peu sérieuse que le fut George Sand, ait pu oublier le chiffre exact de la somme