Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/276

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preuves de l’authenticité de cette correspondance, et, pour faciliter au lecteur la comparaison de ces lettres avec la Correspondance de George Sand et l’Histoire de ma Vie, nous corrigerons les noms fantaisistes et les dates.

Sans parler du style ni de la manière générale de ces lettres qui en dévoilent l’auteur mieux que toute signature ou des noms propres vrais — ex ungue leonem, — on y trouve encore une foule de faits, petits et grands, de phrases, de détails, prouvant à l’évidence qu’elles sortent de cette même plume qui a écrit les Nouvelles Vénitiennes, les Lettres à Marcie, l’Histoire de ma Vie, et la Correspondance.

Voici d’abord quelques passages tirés des différentes lettres et qui témoignent, sans avoir besoin d’aucun commentaire, qu’ils n’ont pu être écrits que par Aurore Dudevant et adressés à personne autre qu’à Michel de Bourges : « … Mon père est mort à trente ans renversé par son cheval… »

« … Depuis ma grand’mère, personne n’avait su changer en pleurs le fiel de mes entrailles !… »

« … J’espère que dans ta république, mon cher vieux, tu supprimeras les éditeurs !… »

« … Ma tête est brisée par le travail d’une nuit aride, le cigare et le café ont pu seuls soutenir ma pauvre verve à deux cents francs la feuille. J’ai deux heures à dormir ; il faut que je fasse tantôt six lieues à cheval, pour renouer une affaire avec des bûcherons, dans des chemins perdus où j’ai failli rester avec mon cheval en revenant. Les rudes travaux de la vie vieillissent et amassent des rides au front. La nuit prochaine, il me faudra encore travailler quatorze heures comme celle-ci, la nuit suivante idem, pendant six nuits de suite, ma parole y est engagée. En mourrai-je ? Déjà je succombe et je ne fais que commencer. Ma pau-