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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/101

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prolétaires, tenir des armes et des munitions prêtes, ce qui était d’autant plus facile qu’on avait pour soi le préfet de police, entrer à l’hôtel de ville, en chasser ceux du gouvernement provisoire qui déplairaient, quoi de plus élémentaire et d’une exécution plus prompte[1]

Et cette page de Daniel Stern est en tous points confirmée par les indications que nous trouvons dans les propres lettres de George Sand, C’est ainsi qu’elle écrit à Maurice et à Mme Duvernet les 15 et 16 avril :

Au citoyen Maurice Sand, à Nohant.
Paris, le 15 avril 1848.
Pour toi seul.

Cher Bouli, j’allais partir dans quelques heures. Mais cela devient tout à fait impossible. Il se prépare une manifestation politique à laquelle je dois assister absolument. Manifestation toute pacifique, mais qui doit réparer bien des sottises et bien des actes coupables. Sois en paix, s’il y avait quelque chose d’intéressant, je t’appellerais.

Mais c’est une affaire de conciliabules. Au reste, quand tu t’ennuieras trop, tu sais que tu n’es pas forcé de garder la maison. Je t’écrirai plus en détail demain.

Je te bige mille fois. Représente-moi auprès de notre fille Titine pour la marier à l’église.

Bonsoir, je t’aime.


À Madame Eugénie Duvernet.
Paris, 16 avril 1848.

Chère mignonne, je ne peux plus partir. Les affaires se présentent BOUS un aspect auquel il faut absolument ma présence pendant quelques jours. Mais je ne peux pas laisser mes amoureux dans l’attente. Je leur écris donc de se marier sous ton patronage, si tu peux y assister,

  1. Daniel Stern raconte plus loin que la seule chose qui inquiétait les conspirateurs, c’était l’intervention possible de Blanqui qui faisait de la conspiration à ses risques et périls et pouvait tout gâter au dernier moment ; puis eUe relate comment la découverte inattendue de papiers, relatifs à la conspiration de 1839, leur délia les mains à l’égard de BLanqui, ayant permis de constater qu’il avait joué envers son associé Barbes un rôle qui ne laissait subsister aucun doute sur ses relations avec la police et sa provocation.