Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/105

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afin d’inaugurer par des mesures significatives le nouveau pouvoir. Samedi, un projet de loi électorale, un projet de gouvernement provisoire autour duquel se rallierait un Conseil d’État formé de larges bases et où toutes les opinions figureraient, est préparé.

Dans une réunion secrète chez Ledru-Rollin, où assistaient Louis Blanc, Flocon, Barbes et Caussidière, on discute la question du 18 fructidor sans pouvoir s’entendre.

Samedi, quelques vagues rumeurs transpirent. Un élément nouveau intervient. Un rapprochement aurait eu lieu entre Blanqui et Cabet et peut-être aussi Raspail. (Leroux a rencontré Blanqui chez Cabet vendredi.) Ils ont des projets pour le dimanche. On nous menace d’un triumvirat dictateur, les clubs de ces citoyens s’empareraient d’une manifestation assez équivoque, provoquée par Louis Blanc (une grande ambition dans un petit corps), sous le prétexte de la nomination de treize capitaines d’état-major de la garde nationale pris dans les corporations d’ouvriers.

Le soir du même jour le club de la révolution reçoit avis de tous ces bruits. L’inquiétude s’empare de tous. On aime mieux maintenir le gouvernement provisoire tout entier que de s’exposer à un coup de main de Blanqui et d’autres. Mais comme l’incertitude est grande, le club décide qu’il se tiendra en permanence le lendemain dès sept heures du matin…

Là, s’arrête le récit dans le Journal, c’est-à-dire juste au moment de l’entrée en matière. Plus loin (dans le livre), ou plutôt avant cela (dans le manuscrit autographe), George Sand expose son opinion sur la signification de l’événement du 16 avril, c’est-à-dire qu’elle tire des conclusions des choses accomplies déjà.

Dans le Journal nous trouvons donc une narration suivie des préparatifs de la mémorable journée et de ses suites. Mais la description de cette journée elle-même et celle du 20 avril (Fête de la Fraternité), se trouve dans le troisième numéro de la Cause du Peuple, dont elles forment l’épilogue. Et dans la première de ces deux descriptions George Sand s’efforce, tout comme l’auteur anonyme du 19e et 20e Bulletin de la République, de paraître très optimiste, de ne voir dans l’incident survenu qu’une preuve de ce que le peuple est pour la République et ne veut souffrir aucune usurpation de pouvoir de la part des meneurs de ces sectes. Dans le second