Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/114

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l’Assemblée, que nous ne pouvons nous abstenir d’en citer, ne fût-ce que le commencement.

— Fuyez, fuyez, citoyen, la maison brûle !

— Non, la maison ne brûle pas. Je ne vois ni feu ni fumée. Vous voulez entrer dans ma maison pour la piller quand j’en serai sorti.

— Dieu me garde d’entrer dans votre maison quand vous en serez sorti ! car, à ce moment, elle s’écroulera dans les flammes. Sortez, vous dis-je, car vous êtes perdu, si vous tardez.

— En effet, je sens maintenant l’odeur de la fumée, et il me semble que la maison craque par la base. Aidez-moi à sortir.

— Il est trop tard. Le premier étage est en feu. Il ne vous reste qu’à sauter par la fenêtre.

— Comment, sauter par la fenêtre ? Je vais me tuer sur le pavé.

— Probablement, mais il n’y a pas d’autre moyen.

— Hélas ! hélas ! une corde, une échelle, ou je suis perdu L’homme qui veut rester dans sa maison et qui ne se décide à en sortir qu’en la sentant craquer sous ses pieds, c’est l’esprit du passé, qui ne voudrait rien changer à ses habitudes et qui s’est trop endormi dans une confiance trompeuse.

Le pavé qui s’offre à lui comme un abîme où la mort l’attend, c’est la conséquence funeste de l’aveuglement, c’est l’avenir inconnu que le passé n’a jamais voulu mesurer du regard.

La voix qui crie au passé : « Sautez par la fenêtre, ou vous allez brûler avec votre maison ! » c’est le présent qui constate le danger sans s’occuper de le prévenir. La corde, l’échelle, que l’on demande à grands cris pour descendre sans catastrophe dans la rue, c’est la solution de la question sociale.

Oui, oui, hâtez-vous d’apporter l’échelle si vous ne voulez pas que les intérêts du passé succombent violemment sans profit pour l’avenir. Et vous, insensés, qui croyez votre maison incombustible et qui ne voyez pas que vous y avez mis le feu vous-mêmes, vous qui avez méprisé l’échelle, unique moyen de salut, hâtez-vous de nous aider à la placer sous vos pieds ; car nous autres, socialistes tant raillés et tant repoussés par vous, nous n’avions qu’une pensée, c’était de sauver cet édifice social que vous avez laissé périr ; et maintenant qu’il va crouler, par suite de votre imprévoyance, nous voudrions vous sauver et vous recueillir avant que le désastre s’accomplisse.

L’Assemblée nationale du 4 mai fut, comme ou le sait, non pas réactionnaire, comme le prétendaient les amis de George Sand, mais très modérée et les radicaux et socialistes s’y trouvaient en minorité fort négligeable. Le lendemain de l’ouverture