Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/120

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Le peuple sait enfin que ce malheureux mot de communisme, tant jeté à la face des républicains-socialistes depuis quelques années par les conservateurs de la monarchie, n’a point l’acception qu’on lui prête et ne se localise dans aucune secte.

Quant à nous, voici ce que nous répondrions à des questions faites de bonne foi, car nous ne saurions répondre à des questions de mauvaise foi. Si, par le communisme, vous entendez telle ou telle secte, nous ne sommes point communistes parce que nous n’appartenons à aucune secte ; si, par le communisme, vous entendez la volonté aveugle et orgueilleuse de combattre toute forme de progrès qui ne serait pas l’application exacte ou immédiate du communisme, nous ne sommes pas des communistes ; parce que le communisme est un contrat de fraternité idéale, pour lequel nous savons bien que les hommes ne sont pas mûrs et auquel ils ne sauraient consentir, librement et sincèrement, du jour au lendemain. Si, par le communisme, vous entendez une conspiration disposée à tenter un coup de main pour s’emparer de la dictature, comme on le disait au 16 avril, nous ne sommes point communistes, car une pensée d’avenir ne s’impose que par la conviction et ou ne se bat que pour faire triompher un principe immédiatement réalisable : l’institution républicaine, par exemple.

Mais si, par le communisme, vous entendez le désir et la volonté que, grâce à tous les moyens légitimes et avoués par la conscience publique, l’inégalité révoltante de l’extrême richesse et de l’extrême pauvreté disparaisse dès aujourd’hui pour faire place à un commencement d’égalité véritable ; oui, nous sommes communistes et nous osons vous le dire, à vous qui nous interrogez loyalement, parce que nous pensons que vous l’êtes autant que nous. Si, par le communisme, vous entendez qu’à nos yeux le seul moyen d’arrêter l’élan désordonné de la richesse pour développer l’élan sacré du travail, c’est la protection accordée par l’État à l’association vaste et toujours progressive des travailleurs ; oui, nous sommes communistes et vous le serez aussi dès que vous aurez pris la peine d’examiner le problème qui menace l’existence de la société. Si, par le communisme, vous entendez une direction éclairée, consciencieuse, ardente et sincère, donnée par l’État au principe protecteur de l’association, à l’examen de la forme la plus applicable, la plus étendue, la plus préservatrice de toutes les libertés individuelles et de tous les intérêts légitimes ; oui, nous sommes communistes et chaque jour vous prouvera que vous êtes forcés de l’être vous-mêmes…

L’article suivant de George Sand, dans le journal de Thoré, parut dans les numéros des, 11, 12 et 13 mai, et l’auteur tâche, pendant que « neuf cents législateurs s’agitent dans une grande