Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/150

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naissaient pas respectivement. Nous remplissons ainsi le devoir de la presse qui est d’observer sévèrement les caractères des personnages en vue et nous avons par là même donné l’occasion à M. Bakounine de réfuter un soupçon qui fut en tous cas répandu sur son compte dans beaucoup de cercles à Paris. Nous avions tout aussi volontiers inséré la déclaration de M. Bakounine et sa lettre à George Sand parues dans la Gazette Oderoise, avant même que M. Bakounine nous l’ait demandé. À présent nous communiquons une lettre adressée par George Sand au rédacteur de la Gazette Rhénane, en la traduisant intégralement et, par là, l’incident peut être considéré comme parfaitement clos :


Monsieur le rédacteur,

Vous avez publié à la date du 3 juillet, Paris, l’article suivant [— venait la traduction de la Correspondance parisienne en question —]. Les faits que vous communiquait votre correspondant sont absolument faux et n’ont même pas l’ombre de vérité. Je n’ai jamais eu la moindre preuve à l’appui des insinuations que vous avez tâché de faire accréditer contre M. Bakounine, banni de France par la monarchie déchue. Je n’ai donc jamais été autorisée à émettre le moindre doute sur la loyauté de son caractère et la générosité de ses opinions.

Agréez, etc.

George Sand.

P.-S. — J’en appelle à votre honneur et à votre conscience pour taire immédiatement publier cette lettre dans votre journal.


La Châtre (Indre), le 20 juillet 1848.

Bakounine, qui était alors plongé dans la fournaise révolutionnaire, semble ne pas avoir pu remercier George Sand de l’avoir si résolument et si amicalement défendu. Après l’insurrection de Dresde et de Prague, il fut arrêté en Saxe, jugé, condamné à mort. Puis cette peine de mort ayant été remplacée par la détention à perpétuité, il fut incarcéré dans la forteresse de Kœnigstein, puis livré à l’Autriche ; encore une fois jugé, U passa de longs mois dans deux forteresses autrichiennes, puis, livré encore au pouvoir russe, il fut incarcéré d’abord dans le donjon de Schlusselbourg, puis dans la forteresse de Saint-Pierre et Paul, et enfin déporté en Sibérie. Il s’en échappa, passa en Amérique, et, à la veille de 1862, notamment le 27 décembre 1861,