Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/153

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veilla. Müller oublia l’art et la musique et se jeta dans le mouvement. La réaction ayant triomphé en Allemagne, il dut fuir en France. C’est alors qu’il trouva l’hospitalité chez les Viardot et chez Tourguéniew ; par eux il fit la connaissance de Mme Sand. La réaction ayant remporté la victoire en France aussi, le pauvre docteur es lettres eut à pâtir doublement : les vivres lui manquaient et la police le poursuivait. Alors Mme Sand l’hébergea à Nohant, en même temps que deux autres jeunes républicains poursuivis : MM. Émile Aucante et Fulbert Martin.

Mme Viardot écrit à ce propos à Mme Sand le 9 avril 1849 :

… Le bon Müller a eu des larmes de joie dans les yeux quand je lui ai lu le passage qui le concerne, c’est un brave et loyal ami, une vraie barre d’or…

Le musicien allemand rappelait un peu un héros d’Hoffmann : c’était déjà un titre aux yeux de George Sand, aussi fut-il un hôte selon les goûts des habitants de Nohant. Il s’installa bientôt à la Châtre, chez les Duvernet, pour pouvoir y donner des leçons à leur fille, ainsi qu’à d’autres jeunes musiciens de l’endroit, mais il revenait constamment à Nohant, soit pour prendre part à une représentation théâtrale, soit pour aider Mme Sand à adapter des chants berrichons pour ses pièces[1]. Il y était toujours le bienvenu.

Müller avait gagné tous les cœurs à Nohant. S’agît-il d’une excursion, d’un spectacle, ou de quelque occupation plus sérieuse : on faisait toujours appel à lui.

Mme Sand écrit à son fils le 2 janvier 1850 :

… Je pense que tu es aujourd’hui encore sur les pierres druidiques ou à Chambon. Écris-moi un mot quand tu seras de retour à Nohant. Raconte-moi les événements de ce beau voyage, quelle figure faisait Müller et Paloignon le jeune…

  1. Nous avons donné dans le chapitre vii du vol. III deux extraits de lettres de George Sand de 1850, nous montrant que Müller l’avait aidée d’abord à transcrire les chants berruyers de Jean Chauvet, le maître chanteur-maçon, pais à arranger les chansons du père Rémy, pour les représentations de Claudie à la Porte-Saint-Martin. Dans les lettres imprimées et inédites de George Sand de 1849 à 1852, il est constamment question de Müller, et on voit combien Mme Sand avait d’amitié pour cet original et sympathique personnage.