Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/154

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Le 2 janvier 1850, Mme Sand écrit à Mme de Bertholdi :

Manceau, l’ami de Maurice et de Lambert, est ici… Nous avons aussi un allemand de mes anciens amis politiques qui est pour quelque temps en France et nous donne une partie de son hiver. Les Fleury et les Duvernet viennent toutes les semaines passer deux jours et l’on joue la comédie et la pantomime à mort. Les enfants ont rapporté de Paris force costumes nouveaux.

« Muller m’a fait part de tes observations. Elles sont justes », écrit-elle au mois d’août de la même année, cette fois à son ami Duvernet, qui avait lu avec Müller Claudie qu’on allait donner à la Porte-Saint-Martin…

« C’est le vieux Hans, qui a fait votre rôle », dit Mme Sand dans sa lettre à Sully-Lévy, qui venait de quitter Nohant après y avoir joué le rôle de Nello (ou Maître Favilla) en 1851.

D’autres lettres nous montrent un souci sérieux de la part de Mme Sand pour la santé de son pauvre ami éprouvé par le sort.

… Müller est venu aujourd’hui avec les Duvernet, écrit-elle le 22 décembre 1850 à Maurice, il souffre d’un œil et ne voit pas. Il est changé, il engraisse cependant toujours, mais je trouve qu’il file un vilain coton. Il tourne au Borie, il ne vit que de farineux et commence à dormir…

Bref, on voit par ces extraits de lettres de George Sand, combien elle avait de sympathie pour Millier. Or, ceux qui connaissent les Mémoires de Herzen et notamment le chapitre : Les Allemands dans l’émigration européenne, auraient pu croire, d’une part, que Müller n’était qu’un bon gaillard assez commun et fort débraillé, enclin à vivre aux dépens des autres, aimant la bamboche, cicérone obligé de tous les Russes fraîchement débarqués à Berlin ou à Paris. D’autre part, on aurait pu croire que Herzen était en rapports superficiels avec lui, et qu’il le traitait même avec une condescendance tant soit peu méprisante. Il n’en fut nullement ainsi. Ni Müller, ni ses relations avec Herzen ne furent tels qu’on aurait pu croire en prenant au pied de la lettre ces pages pleines de verve de Herzen. Les lettres de Herzen et de Müller que nous allons donner ne laissent subsister aucun doute à ce propos.