Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/182

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ne nous arrêterons donc que sur l’impression et l’influence active qu’ils eurent sur George Sand. Désillusionnée de la République et ne croyant plus à l’avènement de l’âge d’or, au triomphe du droit qui cédait la place à la force, morne, abattue, désenchantée de ses amis des dernières années, George Sand voulut oublier la « brutale réalité » en s’abandonnant à l’art, en s’y plongeant. Mais nous savons que ce ne fut nullement en écrivant les romans champêtres. Non, ce fut vers une autre muse, ce fut vers Melpomène qu’elle se tourna en ce moment, et celle-ci la couronne de nouveaux lauriers, pour sa comédie tirée de François le Champi (représenté à l’Odéon le 2 novembre 1849). Le succès de cette pièce encouragea donc George Sand à se tourner, une fois encore, vers cette branche de l’art qu’elle avait à peu près abandonnée — (le Roi attend, prologue d’occasion ne compte pas !) — depuis le jour où son premier drame, Cosima, fut presque sifflé en 1840. Nous voyons, en 1851, successivement apparaître aux théâtres de la Porte Saint-Martin, de la Gaieté et du Gymnase les pièces : Claudie, Molière et le Mariage de Victorine. C’est justement pour assister aux répétitions de cette dernière — elle fut jouée le 26 novembre 1851 — que Mme Sand arriva à Paris au mois de novembre de cette année, et elle fut si préoccupée par la mise en scène, la distribution des rôles et les répétitions que le coup d’État fut un coup de foudre pour elle.

Il est resté parmi les papiers de George Sand une mince enveloppe contenant quelques petites feuilles et portant les mots : Journal de 1851[1]. George Sand y avait noté ses impressions du 26 novembre au 13 décembre. On peut d’après certains indices conclure que tout ce qui se trouve écrit sous les dates de « mercredi, 26 novembre », « jeudi 27 », « vendredi 28 », jusqu’à la « nuit du 3 au 4 décembre », fut écrit après coup, justement dans cette nuit du 3 au 4 décembre, c’est-à-dire que tout ce que George Sand écrit sur les derniers jours avant l’événement, elle l’écrivit

  1. C’est notre inoubliable amie Mme Maurice Sand qui nous en avait, peu avant sa mort, remis l’autographe pour le copier, afin d’en faire usage pour la suite de notre travail, et de le publier à sa date soit en entier soit en partie.