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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/247

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Vous êtes une très chère femme indépendamment d’être le premier homme de notre temps, et vous savez comme je suis sincère.

Clésinger, grand exploiteur, a exploité le lit de mort de son père, peut-être cela portera-t-il bonheur à votre fille. J’en doute. Mais enfin essayons. Nous avons un levier pour agir sur lui maintenant, mais il faut que Solange y mette du sien !

Je l’attends avec impatience, car je vais tout essayer pour leur macadamiser un avenir moins cahotant.

Votre affectionné,

d’Orsay.

Amitiés à Manceau.

Mais comme il arrive toujours en ce bas monde, cette activité altruiste de Mme Sand et ses relations avec Louis-Napoléon furent autant exploitées par les bonapartistes que décriées par les républicains. Déjà en décembre 1848, George Sand dut protester contre l’abus fait de sa lettre de 1844 à Napoléon, qui avait été imprimée sans sa permission dans un almanach et deux plaquettes en but de propagande bonapartiste[1]. Elle réclama contre ce procédé dans le journal de Proudhon, le Peuple, et elle eut parfaitement raison de le faire, car elle avait écrit sa lettre au prince au moment où il avait été un vaincu, or, George Sand prit toujours parti pour les vaincus, les opprimés, contre les oppresseurs de tous les partis vainqueurs. C’est pour cette même raison qu’elle protesta encore, en 1852, contre l’impression dans le Journal de la cour (qui n’eut qu’un numéro) et la réimpression dans l’Indépendance belge, l’Estafette, le Journal du Cher et autres feuilles locales, de sa lettre à M. de Persigny, que nous avons citée plus haut.

L’impression de cette lettre était accompagnée de quelques lignes racontant qu’après son mariage M. de Persigny, durant son voyage de noce, avait reçu des quantités de lettres de demandes qu’il avait fidèlement transmises à Napoléon ; la rédaction supposait que ses lecteurs lui pardonneraient une indiscrétion qui leur permettrait de lire une lettre « faisant honneur à la main illustre qui l’a écrite et à la main généreuse qui l’a ouverte… »,

  1. Voir plus haut, p. 168.