Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/271

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sent ses croyances, quelque méritée que fût la désapprobation de la part de Mme Sand, elle ne cessera jamais de l’aimer et de la vénérer. Il est de toute curiosité que le père Loyson prit lui-même part à cette polémique et qu’il écrivit à Mme Sand une lettre où il lui expliquait qu’elle avait tort de le croire dominé par un esprit de prosélytisme effréné et par le désir de tendre des pièges à l’âme de sa fille spirituelle. Ces correspondances sont encore inédites, mais nous trouvons déjà des allusions à cet épisode — qui mit durant quelque temps un certain froid dans les rapports entre la grande romancière et la gracieuse actrice, — dans la Correspondance imprimée de George Sand, seulement, tous les noms propres y ont été omis[1]. Les lettres de Mme Arnould à George Sand forment une série de pages ravissantes, de tendres épanchements, dignes d’être publiés intégralement. Les réponses de George Sand sont en partie imprimées dans la Correspondance et rappellent par leur manière ses lettres à Mme Augustine de Bertholdi, sa cousine, qui ne se lisent certes pas avec un moindre plaisir. C’est bien de ces deux correspondances qu’on aura raison de dire que George Sand s’y montre vraiment maternelle.

Nous semblons nous être éloignés de notre sujet. Cela n’est pas. C’est justement grâce à Mme Plessy que l’amitié du prince Jérôme pour Mme Sand devint plus forte. Charles Edmond fut aussi un trait d’union entre eux. Le prince fit sa première apparition incognito à Noliant en 1857. Nous apprenons par les lettres inédites de George Sand qu’elle avait dû prendre toutes ses mesures pour éviter les trop grandes indiscrétions de la curiosité provinciale, mais elle n’y put réussir, et la visite du prince eut sa légende. C’est ainsi qu’on assurait qu’au moment où le prince Jérôme, accompagné de Charles Edmond, entra dans la cour du château, Mme Sand vint à sa rencontre, lui disant de la manière la plus familièrement irrévérencieuse : « Hé ! bonjour, mon vieux, il était grand temps », etc., etc., ce qui aurait été entendu par

  1. Voir la lettre à Flaubert du 18 septembre 1868, Cf. Correspondance, t. V. p. 276-277 et Correspondance entre George Sand et Gustave Flauhert, p. 130 et suivantes.