Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/290

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cet été, dont deux ont été jouées par nous, refaites et rejouées. Cela m’est bien utile, je vois ma pièce et je la juge, et quand je n’en suis pas contente, je la bouleverse. Vous verrez, je pense, mes trois pièces eet hiver. Deux sont placées. Quant à l’autre, jetais dans la même situation que Gounod ; je comptais sur Bocage, et je savais que Bocage comptait sur lui. Mais le Marc Fouruier, nouveau directeur de la Porte-Saint-Martin, après m’avoir demandé ma pièce, m’a évincée sous divers prétextes dont le seul vrai, c’est que le Foucher[1] lui a défendu de me jouer. Espérons que cette persécution ne s’étendra pas à Ponsard[2] et à la musique de Gounod, d’autant plus que voilà le Foucher tombé dit-on[3]. Moi, je suis en course, par les jambes d’Hetzel, pour placer la dite pièce je ne sais encore où. La première est au Gymnase, la seconde au Vaudeville, si j’y puis avoir les acteurs sérieux que je veux dans les rôles que je leur destine. Mais tout cela est affreusement difficile et ennuyeux, et quand le plaisir d’écrire, et de jouer à Nohant est fini, l’ennui de se faire jouer à Paris commence.

Quand est-ce que vous viendrez passer quelque temps avec nous et vous amuser avec nous à ce jeu-là, chère fille ? Nous en avons un plus amusant, c’est d’improviser à l’italienne, sur des canevas assez compliqués parfois, et nos enfants font des tours de force d’à-propos et de dialogue comique. Il y a aussi la pantomine. Oui, quelque jour vous serez des nôtres, promettez-le-moi. Gounod tiendra le piano, et on fera un rôle de chasseur pour Viardot. Au besoin on lui mettra des perdrix empaillées sur le théâtre.


Les trois pièces auxquelles Mme Sand fait allusion dans cette lettre comme écrites en été 1851, sont : le Mariage de Victorine, les Vacances de Pandolphe et Nello le violoniste plus tard rebaptisé en Maître Favilla. Quant à l’année 1851 — où cette lettre et ces trois pièces furent écrites — il faut considérer cette date comme le vrai commencement de la carrière dramatique de George Sand, car c’est en janvier de cette année que fut jouée la première de toute une série de pièces que George Sand écrivit et mit en scène sans

  1. Bien sûr une pièce de Paul-Henri Foucher, auteur dramatique de l’époque fort connu.
  2. Francis Ponsard.
  3. Gounod avait alors l’intention de faire un opéra tiré de l’un des contes champêtres de George Sand et dont le texte devait être écrit par Ponsard. Mais le mariage de Gounod et sa querelle avec les époux Viardot qui suivit, rompit aussi complètement les relations entre le grand compositeur et George Sand, et cette affaire tomba à l’eau. Ce fut Gounod néanmoins qui écrivit la musique d’une autre pièce de George Sand : Maître Favilla.