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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/301

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ces assertions, on trouvera les dernières remarques parfaitement justes, surtout en les rapportant au Pressoir. Cette pièce est insupportablement ennuyeuse à la lecture et justement grâce à cet excès de sacrifice et de vertu « assommante » de la part de tous, « d’eau de rose » à profusion. Dans la Préface pour l’édition de la pièce en volume George Sand dit qu’elle voulait y mettre en scène non des paysans, mais des villageois : des artisans, des ouvriers, de petits marchands vivant à la campagne et ayant déjà un peu goûté à la civilisation, parlant souvent un langage qui n’est plus celui des paysans, qui n’est pas encore celui des citadins et tout plein de mots savants, employés tout de travers. Il faut convenir que les conversations de ces personnages (de deux vieux voisins, un menuisier et un charpentier et de leurs proches), produisent l’effet de quelque chose de factice (à l’exception de quelques locutions bien certainement transcrites par l’auteur comme il les a entendues ou vues écrites, tel le procès-verbal dressé par un expert villageois). Et la « vertu assommante » des personnages rend même les héros principaux peu intéressants. Au contraire le type du coq de village, le bellâtre Noël Plantier (comme un écho radouci et bon enfant du sans-cœur et égoïste Denis Ronciat dans Claudie), ce type, disons-nous, est très comique, tracé avec une fine moquerie et c’est la seule figure que notre mémoire retienne parmi la multitude de tous ces villageois archi-vertueux. On en dirait peut-être autant de la figure de son père, un vieux grognon et cupide ; mais il est composé d’une manière trop sommaire et naïve. Pour toutes ces causes le Pressoir ne peut en aucune façon aller de pair avec les autres pièces champêtres de George Sand, ni avec le Champi, ni avec Claudie.

Quant à Mauprat, quoique ce drame eût toujours du succès, lors de sa première mise en scène comme lors de chacune de ses reprises, et quoique George Sand défendît dans la Préface le droit de l’auteur de créer avec les mêmes données deux œuvres différentes (elle souligne le mot), malgré tout cela nous devons dire que peut-être aucune autre pièce de George Sand ne prouve autant que Mauprat la thèse qu’il ne faut jamais