Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/302

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refaire un roman en drame. Combien il y est peu resté de ce beau roman ! Combien peu on y retrouve cette fine, cette merveilleuse analyse psychologique et par contre, quel mélodrame, marchant sur des échasses, quelle routine dramatique !  ! Du reste, de nos jours, ni grossiers mélodrames, ni échasses romantiques, ni coups de théâtre à outrance ne choquent plus personne, grâce à l’influence… bienfaisante des cinémas ! Il est probable que Mauprat-drame est juste selon le goût du public moderne et peut-être qu’un beau soir, dans quelque salle sombre et bourrée de monde à s’y asphyxier, aux sons faux d’un piano exécutant un pot-pourri ravissant où la valse de la Veuve joyeuse s’enchaîne bravement à la Mort d’Iseult et la Marche funèbre de Chopin à la Petite Tonkinoise, on verra vaciller et trembloter sur l’écran un « extrait concentré » de cette pièce, tirée et taillée dans l’un des plus charmants romans de George Sand, pièce farcie à l’excès de toutes sortes d’invraisemblances, de disparitions, d’apparitions soudaines de personnes sortant d’un mur, de passages « par-dessus des abîmes » sur des poutres à demi brûlées, de coups de fusil partis d’on ne sait où, d’arrivées de gendarmes, etc., etc. Quelle misère !

Nous avons déjà analysé une autre œuvre dramatique de George Sand faite d’après un roman — Flaminio tiré de Teverino. Cette pièce non plus n’a rien ajouté aux lauriers de son auteur.

Les quatre pièces jouées en 1855 et 1856 présentent beaucoup plus d’intérêt. Nello le violoniste fut primitivement destiné au théâtre de Nohant. Puis Mme Sand le remania sur les indications de Bocage qui voulait le jouer à la Porte-Saint-Martin. Un peu plus tard Nello fut refait pour Bouffé. Puis, Mme Sand le remania encore pour Frederick Lemaître qui devait le jouer aux Variétés[1]. Puis le titre fut changé et la pièce fut imprimée par

  1. Mme Sand écrit à son fils, à propos de ce projet jamais exécuté, la très intéressante lettre que voici :
    « …Tu me dis que tu as vu Frédéric, Hetzel de son côté, doit l’avoir vu, et doit lui avoir remis le manuscrit. Revois-le, je te prie, et dis-lui que je serai enchantée de le recevoir, que je ferai tous les changements qu’il jugera convenables, et que je lui ferai tous les rôles qu’il me demandera et m’indiquera