Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/353

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personnes même parmi les amis de Mme Sand — François Liszt entre autres — furent choquées par la franchise avec laquelle elle parle du passé de sa mère et condamnaient — peut-être avec raison — cet excès de franchise. D’autres, comme Charles Mazade, relevaient, avec justesse aussi, les « anachronismes psychologiques » de l’Histoire de ma vie, que nous avons aussi notés dans le premier chapitre de notre premier volume : en effet, lorsque George Sand écrivait ses Mémoires dans les derniers mois de 1847 et les premières semaines de 1848, à la veille de la Révolution, et lorsqu’elle les continua plus tard, immédiatement après la débâcle de la deuxième République, au moment oii ses adeptes, amis de l’auteur, se morfondaient en exil, ou même étaient déportés et malheureux, elle était en proie aux sentiments les plus républicains et démocratiques, vibrante d’indignation et de protestation contre le parti conservateur. Elle transporta alors tous ces sentiments dans le passé, jugeant beaucoup de faits et d’événements de ses jeunes années à travers le prisme de ses impressions du moment ; elle décrivit ainsi beaucoup de faits anciens l’esprit influencé par 1848 ; elle donna à ses sorties juvéniles, très crânes, dictées le plus souvent par les élans de sa nature indépendante et libre, la signification de républicanisme conscient, de démocratisme et même de socialisme. Nous avons déjà fait allusion à cela dans le chapitre iv du volume F^, lorsque nous avons parlé de la vie d’Aurore Dupin à la campagne et de ses disputes avec Deschartres sur la propriété rurale et même toute propriété en général. D’autre part il est hors de doute que les relations amicales de George Sand et de Maurice Sand, fraîchement liés en 1852, avec le prince Jérôme et le rapprochement avec les napoléonides en général se reflétèrent aussi rétrospectivement d’une manière très prononcée dans les pages de l’Histoire ; tout ce qu’il y avait de bonapartiste dans le milieu qui entourait Aurore Dupin et plus tard Aurore Dudevant est comme souligné : les services rendus à Mme Sand par le baron Haussmann lors de l’enlèvement de Solange par son père, en 1837, sont notés avec une complaisance bien marquée, de même l’amitié avec Mme Rose-Anne (ou Rozanne) Bourgoing