quand il y a un bout de sentiment, car il y en a aussi. Enfin c’est une nature et un type ; ça chante à ravir, c’est colère et tendre, ça fait des friandises succulentes pour nous surprendre et chaque journée de notre phase de récréation est une petite fête qu’elle organise[1].
Et le 23 mars 1868, après une série de reproches et de conseils à sa nouvelle amie Mme Juliette Lamber qui souffrait alors d’insomnies nerveuses et se laissait en général trop émouvoir et trop abattre, Mme Sand dit à sa jeune correspondante :
…Ma Lina ne se pique pas de calme, mais elle a de grands mouvements de vouloir et de raison qui se succèdent et se rattachent les uns aux autres après qu’une émotion vive a semblé les briser ; c’est une nature rare, une grande force dans une exquise finesse. Elle est toute disposée à vous aimer, mais elle n’est pas expansive, elle est plutôt timide à première vue et observant plus qu’elle ne songe à montrer. Elle eût été une artiste, si elle n’eût été avant tout une mère. Ce sentiment-là a absorbé toute sa vie depuis six ans. Elle y a mis toute son âme[2].
En 1872, félicitant cette même Juliette Lamber (devenue Mme Adam) du mariage prochain de sa fille adorée Alice, surnommée Topaze et fiancée à M. Paul Segond, le célèbre médecin, Mme Sand écrit à cette amie, le 16 octobre :
…Que votre gendre soit pour vous ce que Lina est pour moi, et vous serez bien récompensée de votre amour pour cette charmante Alice[3]…
Enfin le 1er janvier 1873, George Sand écrit à Charles Poncy :
…Lina est toujours la perle de la maison. Toutes les qualités et toutes les grâce ?…[4].
Et combien encore de ces lignes enthousiastes et de jugements émus et tendres sur sa Lina sont disséminés dans les lettres de George Sand des quatorze dernières années de sa vie ! Or,