Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/439

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ment expliquée dans les églises. Je vous prie donc de la tenir à la maison pendant toutes ces dévotions. Je ne veux pas qu’on lui mette de la cendre au front, ni qu’on lui fasse baiser des images. Je ne l’ai pas élevée pour l’idolâtrie, et si elle est destinée un jour à faire quelque emploi de son intelligence, ce sera probablement pour travailler, selon la mesure de ses forces, à la destruction de l’idolâtrie. Vous m’obligerez même beaucoup, désormais, de lui supprimer entièrement la messe comme un temps fort mal employé, puisqu’elle n’y songe qu’à railler la dévotion d’autrui.

Cependant, s’il entrait dans vos vues, comme je vous l’avais demandé l’année dernière, de lui expliquer la philosophie du Christ, de l’attendrir au récit de ce beau poème de la vie et de la mort de l’homme divin, de lui présenter l’Évangile comme la doctrine de l’égalité, enfin de commenter avec elle ces évangiles si scandaleusement altérés dans les traductions catholiques, et si admirablement réhabilités dans le Livre de l’humanité de Pierre Leroux, ce serait là pour elle la véritable instruction religieuse dont je désirerais qu’elle profitât durant la Semaine Sainte, et tous les jours de sa vie. Mais cette instruction ne peut lui venir que de vous, non des « comédiens sacrés », iunctos samiones, comme disaient les Hussites…

Tout à vous de cœur.

G. Sand.

Plus tard elle agit de m^me envers le jeune Francis Laur, désireuse de le préserver des pratiques religieuses, voire même de toute espèce de culte. Dans ses lettres à Louis Maillard elle écrit ;

Nohant, 17 février 1863.

… Mme Maillard va à la messe, c’est bien, elle y croit ; mais j’espère que Francis et René n’y vont pas. Le jour où ils feraient alliance avec le prêtre, je leur tirerais ma révérence. Les garçons qui font ce pacte n’ont plus besoin de personne, et on n’a plus qu’à se méfier et se préserver d’eux.

Nohant, 22 février 1863.

Enquête faite, dites-vous, les enfants ne vont pas à la messe. Mais je n’ai pas ouï dire qu’ils y eussent été ? Si j’ai pensé à la messe, c’est que vous m’écriviez : Mme Maillard est à la messe et Francis crie la faim. D’où j’ai conclu naturellement que Mme Maillard allait à la messe, ce qui est fort bien vu et ne me regarde pas ; mais ce qui m’a fait penser à vous dire je ne sais plus quoi, en général, sur mes deux garçons de chez vous. Je sais qu’il y a une propagande organisée qui