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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/440

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s’empare tant qu’elle peut des jeunes esprits pour les fausser ; j’étais déjà assez mécontente que ma nièce eût mis ses fils chez les prêtres. Elle s’en mord les doigts à présent. Je crois que René les juge bien, ces bons messieurs, et en somme je n’ai guère d’inquiétude qu’ils aient déteint sur lui.

Mais quant à accuser quelqu’un de chez vous de faire du zèle religieux, je crois que personne n’y a songé et qu’il n’y avait pas d’enquête à faire. Ils n’auront pas su ce que cela voulait dire…

Mme Sand niait la religion catholique, elle se méfiait également du protestantisme officiel. C’est pour cela que Maurice lui ayant confié son désir de faire son fils protestant et de se marier préalablement devant un pasteur, elle se mit activement à la recherche d’un représentant d’une Église libre. Mme Sand craignait que son fils et sa future famille ne tombassent de Charybde en Scylla et n’échappassent à la religion officielle que pour se soumettre à la règle d’une petite Église intolérante ; c’est pour cela que Mme Sand réfléchit longtemps avant d’arrêter son choix, et ne se décida qu’après de longs pourparlers, de longs débats sur toutes sortes de questions. On peut suivre ces péripéties en lisant les nombreuses lettres, tant imprimées qu’inédites, adressées par Mme Sand à MM. Coquerel, Leblois à Strasbourg, Guy à Bourges, Schœffer à Colmar. Les plus remarquables sont celles qu’elle adressa à M. Schæffer, deux sont imprimées aux pages 342 et 349 du volume IV de la Correspondance (sans indication du nom du destinataire et ne portant que « M*** » ) et une troisième parut dans l’Amateur d’autographes[1]. Nous ne transcrirons point ici les deux premières, mais nous trouvons indispensable de citer cette dernière lettre d’autant plus que cette revue est peu connue.

À monsieur Ad. Schæffer, ministre protestant à Colmar.
Monsieur,

J’ai beaucoup tardé à vous répondre. Un heureux événement de famille m’a ôté tout loisir pour la lecture et la correspondance.

  1. L’Amateur d’autographes, publié par Noël Charavay, 15 janvier 1900, 33e année. Nouvelle série, numéro 1.