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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/445

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Ces lignes deviennent très significatives, surtout confrontées aux lettres passionnément indignées, parfois même désagréablement âpres et mordantes, que Mme Sand écrivit en automne 1868 à Flaubert, à Mme Arnould-Plessy et au père Hyacinthe Loyson[1]. Nous avons parlé de ces lettres de Mme Sand au chapitre ix à propos de la « conversion de Mme Arnould-Plessy » [2]. En anticipant un peu sur Tordre chronologique, disons dès à présent que lorsqu’en 1872, — juste au moment où l’on était en train de faire jouer Mademoiselle La Quintinie, tirée du roman du même nom, — le père Loyson se prononça contre le célibat du clergé, se maria tout en restant prêtre et entra en dissidence ouverte avec l’Église romaine, George Sand acclama cet acte de courage et de foi par un article dans le Temps (réimprimé plus tard comme le numéro xvii de ses Impressions et souvenirs). Et c’est dans cet article qu’elle émit la pensée qui choqua tant de ses contemporains et qui, de nos jours encore, est souvent citée par des auteurs orthodoxes comme l’abomination de la désolation. Le père Loyson affirmait ne pas être protestant, et George Sand lui refusait le droit de se croire catholique du moment où il n’admettait pas le célibat des prêtres. Cette distinction entre l’Église latine et l’Église romaine lui semblait « assez arbitraire, elle y retrouvait une subtilité de prêtre ». Elle écrit : « Pour nous il est un hérétique parfait et nous l’en félicitons, car les hérésies sont la grande vitalité de l’idéal chrétien… »[3]

Toutes ces idées et tous ces sentiments anti-orthodoxes de George Sand trouvèrent leur écho dans Mademoiselle La Quintinie, roman qui paiiit trois ans après le Marquis de Villemer, fit beaucoup de bruit en son temps et souleva un grand courant de

  1. Alors, carme déchaussé et célèbre prédicateur catholique, plus tard brouillé avec Rome et chef d’une communauté libre, il est mort tout récemment, en 1912.
  2. Mme Sand fut surtout très véhémente contre le père Hyacinthe dans sa lettre à Mme Arnould datée du 13 septembre 1868 ; Mme Arnould montra cette lettre au père Loyson et celui-ci écrivit lui-même à Mme Sand en réponse à ses paroles dures et outrageantes.
  3. Mme Sand avait écrit à Mme Arnould-Plessy déjà le 18 mai 1863 : « Je vous dis que si voire abbé H… est homme de progrès, il est hétérodoxe. N’importe ! s’il prêche le bien et s’il vous fait du bien, tout est bien… »