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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/528

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L’action de Cadio se joue en Vendée et en Bretagne, à l’époque de la chouannerie. Cadio est un « simple », un paysan qui devient à son insu un héros, un vrai héros, en se sacrifiant. Il paraît que ce personnage et les principaux événements de sa vie furent inspirés à l’auteur par les récits entendus dans la maison d’une de ses amies de couvent, la comtesse Louise de La Rochejaquelein, dont la mère, marquise de La Rochejaquelein, avait été elle-même une héroïne des guerres vendéennes. Veuve de son premier mariage avec M. de Lescure, et enceinte de deux enfants, au moment où les bleus vengeaient leurs premières défaites sur les blancs, la marquise de La Rochejaquelein dut se cacher sous un costume de paysanne et le nom de Jeannette dans les hameaux et les bois. Un jour, sur le désir de sa mère, et pour échapper aux poursuites et à la, fureur des bleus, elle fut forcée de conclure un mariage avec un de ses ex-vassaux, le paysan Pierre Riallo. Ce brave homme lui promit de détruire le contrat de mariage et ne songea jamais à faire valoir ses droits sur la personne de sa femme, son ex-suzeraine. Seulement, au moment de lui dire adieu, après l’avoir conduite en un lieu sûr, les larmes aux yeux il lui passa un anneau d’argent au doigt ; elle le garda toujours en mémoire de lui.

George Sand cite ce touchant épisode dans l’Histoire de ma vie ; elle raconte qu’allant rendre visite à son amie, elle trouva dans le somptueux salon de sa mère une nombreuse et élégante compagnie, très empressée auprès de la vieille marquise, et au milieu de ce beau monde, un simple paysan vendéen qui se tenait avec une parfaite aisance et se couvrit de son large chapeau avant d’être sorti du salon, tandis que Louise de La Rochejaquelein et sa sœur filaient ostensiblement leurs quenouilles au milieu de ces belles dames décolletées. Mais l’antichambre était pleine de valetaille et le concierge avait grossièrement apostrophé Mme Aurore Dudevant venue en simple fiacre. Quel tableau de mœurs ! George Sand ajoute :

… Mais que fût-il arrivé si le mariage eût été conclu et que Pierre Riallo se fût refusé à la suppression frauduleuse de l’acte civil ? Certes, la noble Jeannette fût morte plutôt que de consentir à ratifier cette