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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/541

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et des plus dévoués amis de Mme Sand et de tous les siens[1].

Mme Sand se lia aussi entre 1860 et 1870 avec la jeune autoresse Juliette Lamber, mariée en premières noces avec M. Lamessine, puis ayant épousé l’homme politique fort connu, M. Edmond Adam et ayant, sous ce nouveau nom de Mme Adam, acquis une célébrité hors ligne comme écrivain, maîtresse d’un salon brillant, politique et littéraire, amie de Gambetta, et amie avant la lettre de l’alliance franco-russe.

Ses deux petites-filles firent revivre à Mme Sand comme une seconde maternité, avec toutes ses grandes joies et angoisses, ses petits chagrins et ses triomphes. Les lettres de George Sand durant cette période, fussent-elles adressées au prince Jérôme ou à Barbes, à Sainte-Beuve, Dumas fils, Flaubert ou Mme Adam, sans parler de Boucoiran, de Poncy, de Charles Edmond ou des acteurs des Français et de l’Odéon sont, au beau milieu des nouvelles sociales politiques ou littéraires, des réflexions sur quelque discours à la Chambre ou sur la dernière pièce du Gymnase, toutes pleines d’adorables mots, de rires et de pleurs enfantins, de premiers pas ou des premières petites dents, de poupées ou d’arlequins cassés, de détails sur la rougeole, la coqueluche ou quelque autre petit bobo, d’admiration devant l’esprit d’observation de l’une, sachant distinguer une couleuvre d’une vipère ; devant une remarque spirituelle de l’autre à propos des actes sanguinaires de Jéhovah ou des fraudes des rois bibliques ou grecs.

Tout cela lui paraissait « admirable », « surprenant », « merveilleux », prouvant des capacités presque géniales, ou du moins les qualités morales incomparables de ces deux enfants qu’aucun être au monde ne pouvait égaler.

Cette grand’mère-là, comme cette illustre aïeule couronnée qui, dans ses lettres à Grimm, se pâmait d’admiration devant chaque fait et geste de son adoré « Monsieur Alexandre », ne se distinguait en rien des milliers de grand’mères aimantes ; peut-être eût-elle été capable, ainsi qu’une autre aïeule, que nous connaissions, de raconter à tous avec enthousiasme que sa petite-fille

  1. Voir son charmant volume, très documenté : George Sand. Mes souvenirs.