Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/543

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délassements de la gaieté. Dehors, où l’on passe plusieurs heures après le déjeuner jusqu’au bain dans l’Indre, la moindre bestiole intéresse Mme Sand, et comme elle en parle !…

Mme Sand adorait les bains froids jusque dans sa vieillesse, et dès que le temps était beau, on se baignait dans l’Indre. « Une pêche dans l’Indre agrémentée de baignade générale dans des costumes indescriptibles nous amuse follement. Mme Sand est celle qui prend le moins de poissons, mais qui « barbote » le plus[1]… »

Les jours ordinaires et lorsqu’il n’y avait pas de monde à Nohant, Mme Sand remontait chez elle pour travailler jusqu’au dîner. Et l’écrivain-grand’mère n’était nullement incommodée d’avoir un arlequin sur chaque bras et un ménage de poupée installé sur ses genoux. Elle écrivait tranquillement, même lorsque ses « chères adorées » interrompaient son travail par les questions les plus diverses, les remarques les plus inattendues. Bien plus, sans abandonner le cours de ses pensées ou la trame de son roman, elle observait en même temps les jeux de ses petites-filles, trahissant leur caractère ou leur activité intellectuelle[2]. Puis venait un gai dîner au milieu de rires et de farces de toutes sortes que les amis de la maison et les camarades de Maurice se faisaient les uns aux autres. Ces farces, ces gais propos, « sans façons », les hâbleries les plus inimaginables et quelquefois même d’un goût très douteux, semblaient à beaucoup de personnes qui aimaient et vénéraient Mme Sand fort plats et insipides.

On peut trouver quelques spécimens de ces farces et de ce babillage à outrance des Nohantais dans les Souvenirs de Mme Adam, seulement l’auteur n’a recueilli que les plus… décents et innocents. On verra que Mme Sand non seulement y prenait souvent une part active, mais qu’elle attribuait à la « gaieté » des vertus toniques pour l’âme et le corps. Voici par exemple ce que nous lisons dans le livre de Mme Adam à propos d’une excursion faite par Mme Sand, lors de son séjour

  1. Mes sentiments et nos idées avant 1870, p. 279.
  2. On trouve à ce propos des pages extrêmement curieuses dans la Nouvelle lettre d’un voyageur « À propos de botanique » adressée à Maurice Sand et publiée dans la Revue des Deux Mondes en 1863, ainsi que dans plusieurs lettres de Mme Sand à Flaubert.