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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/597

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sacrées nous abrutissent et nous rendent incapables de saisir la moindre parcelle de l’idéal divin.

George Sand espère qu’il viendra

un temps où nous ne parlerons plus de Dieu inutilement, où nous en parlerons même le moins possible ; nous ne l’enseignerons plus dogmatiquement, nous ne disputerons plus sur sa nature, nous n’imposerons à personne l’obligation de le prier…

Alors il n’y aura plus ni disputes, ni persécutions religieuses ;

La prétention d’affirmer une religion formulée sera considérée comme un blasphème. Toute intolérance, tout culte extérieur, héritage du paganisme, disparaîtra, chacun adorera Dieu en esprit et en vérité dans le sanctuaire de sa conscience selon l’idée qu’il s’en fait et selon le degré de son développement.

Et dès aujourd’hui, le penseur isolé, inoffensif en présence des cultes vieillis, tolérant envers tous par respect de la liberté humaine, mais libre dans la sphère de sa méditation et ne relevant dans l’essor de sa pensée que de l’esprit qui parle en lui, se sent affranchi, paisible, attendri par la conquête patiente de sa foi personnelle. C’est son trésor intérieur, c’est sa confiance modeste, son humble et inviolable sérénité…

Et à présent, conclut ce « penseur » qui, au déclin de son âge, voulut faire un examen de conscience de son moi moral et intellectuel,

À présent que ma veillée s’achève et que mon moi délaissé se retrouve et me parle, je sens Dieu, j’aime, je crois… tête à tête avec le principe supérieur qui l’anime, ce moi n’est point seul, et son monologue est un hymne intérieur dont l’écho affaibli d’une lointaine et mystérieuse réponse prouve qu’il n’est point perdu dans le vide.

Et le chapitre viii se termine par cette page magnifique, oraison mentale adressée à la Divinité :

toi que profane et méconnaît la prière égoïste de l’idolâtre, toi qui entends le cri du cœur auquel les hommes sont sourds, toi qui ne réponds pas comme eux à qui t’invoque le non impie de la raison pure, toi, la source inépuisable qui seule répond à la soif inextinguible du beau et du bien, à qui se rapportent toutes les meilleures pensées et les meilleures actions de la vie, la peine endurée, le devoir accompli,