Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/598

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tout ce qui purifie l’existence, tout ce qui réchauffe l’amour, je ne te prierai pas. Je n’ai rien à te demander dans la vie que la loi de la vie ne m’ait offert, et si je ne l’ai point saisi, c’est ma faute ou celle de l’humanité dont je suis un membre responsable et dépendant. Mon élan vers toi ne saurait être le marmottage du mendiant qui demande de quoi %ivre sans travailler. Ce qui m’est tracé, c’est à moi de le voir, ce qui m’est commandé, c’est à moi de l’accomplir. Le miracle n’interviendra pas pour me dispenser de l’effort. Point de supplication, point de patenôtres à l’esprit qui nous a donné l’étincelle de sa propre flamme pour tout utiliser. Le dialogue avec toi ne s’exprime pas en paroles que l’on puisse prononcer ou écrire ; la parole a été trouvée pour échanger la pensée d’homme à homme. Avec toi il n’y a point de langage, tout se passe dans la région de l’âme où il n’y a plus ni raisonnements, ni déductions, ni pensées formulées. C’est la région où tout est flamme et transport, sagesse et fermeté. C’est sur ces hauteurs sacrées que s’accomplit l’hyménée, impossible sur la terre, du calme délicieux et de l’ineffable ivresse…

Lorsqu’on a lu ce chapitre viii des Impressions et souvenirs, on comprend encore mieux l’état de désespérance et d’effroi reflété par Lélia et Spiridion et auquel était livrée l’âme de la malheureuse ex-élève du Couvent des Anglaises, alors que ses croyances anciennes s’écroulèrent, et la nouvelle foi n’était point encore éclose en son âme. À présent, cette âme bouleversée, cet esprit ayant, jadis, combattu contre Jéhovah et les hommes, a retrouvé son calme !

La thèse et l’antithèse se sont fondues dans leur synthèse. Et ces neuf dernières années peuvent ainsi, à l’exception de l’année terrible (1870-71), être considérées au double sens de la vie familiale et de la sérénité de l’âme comme les années les plus heureuses de la vie de George Sand.

En cette dernière période de sa vie George Sand continuait, comme par le passé, d’écrire au moins un roman par an, quelquefois deux ou trois. Outre les romans déjà mentionnés en différents endroits, plus haut (Malgrétout, 1869, Mademoiselle Merquen, Cadio, 1868, et Nanon, 1872), elle écrivit en ces dernières dix années : Césarine Dietrich, Ma sœur Jeanne, Flamarande, les Deux Frères, Marianne Chevreuse, la Tour de Percemont.

Si le petit volume de Césarine Dietrich n’était pas signé, si