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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/600

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chemin, ni manquer à ses principes. Césarine trahit involontairement devant sa gouvernante sa vraie nature, elle révèle sa fausseté, sa sécheresse, l’absence de toute morale. Puis elle pousse à la démence, à la fureur le plus humble de ses adorateurs, le marquis, qui provoque en duel le fils de sa gouvernante. À la fin, ayant manqué son but et désirant donner le change à ses proches par dépit, par amour-propre, par désir vaniteux de faire admirer la grandeur de sa conduite, elle épouse ce marquis, demi-fou, espérant étonner tout le monde. Cependant immédiatement après son mariage, dame Césarine s’efforce de faire la conquête de son ennemi le plus acharné, l’ami du marquis. Et l’auteur laisse entendre que ce nouveau flirt va trop loin. Il est évident que Césarine, mariée, continuera ses manœuvres, ses « campagnes », ses triomphes et ses « captures », que, par la logique même des choses, les amusements de cette coquette à froid ne seront plus les innocents romans de Césarine jeune fille.

Ce roman eut le malheur de paraître dans la Revue des Deux Mondes du 15 août au 1er octobre 1870. L’attention publique prise par la guerre fit que peu de personnes l’ont lu lors de cette première publication, c’est le roman le moins connu de George Sand. Chose curieuse : Césarine, son père sympathique et bonasse et toute leur parenté sont justement des Alsaciens allemands naturaUsés à Paris, se considérant eux-mêmes comme des Allemands.

Le petit roman, ou plutôt la nouvelle Marianne Chevreuse a aussi, mais pour une autre raison, sa place à part dans l’œuvre de la dernière période de George Sand : par sa fraîcheur, par son ton, sa manière, son coloris, elle rappelle les toutes premières œuvres : Valentine, André ou Lavinia. George Sand semble avec intention avoir marqué de quelques traits autobiographiques son héroïne et le milieu où elle évolue. Cette Marianne Chevreuse, petite brune aux grands yeux noirs, à la figure pensive et mélancolique, chevauche une petite jument maigre autour de sa propriété. L’originalité et l’indépendance de sa conduite la font décrier par les commères de la ville voisine. Cette ville voisine porte avec ostentation le nom de Faille sur Gouvre, dans laquelle les