Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/624

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M. Papet était là aussi, et m’apprit les événements de la veille. Nous attendîmes l’arrivée de M. Pestel pour nous rendre auprès de la malade. Il arriva bientôt et nous montâmes dans la chambre de Mme Sand. Mme Maurice était auprès de sa belle-mère avec la Thomas et la Nounou. (Toutes les trois ont veillé et soigné l’illustre écrivain jusqu’à son dernier soupir.)

Nous constatâmes que le ventre était ballonné, très douloureux, et qu’à chaque instant il y avait des éructations. Le pouls était toujours à 88 ; la malade était très altérée et ne prenait aucune nourriture. Le traitement prescrit la veille par M. Papet fut continué…

À 8 heures nous étions tous les trois près de Mme Sand… L’état de la malade n’avait pas changé, elle se plaignait toujours du ventre…

Je passai la nuit dans le cabinet de travail de Mme Sand, attenant à sa chambre et me rendis près d’elle chaque fois que ma présence était nécessaire.

Mme Maurice ne quitta pas sa belle-mère un seul instant.

M. de Vasson resta avec M. Maurice une partie de la nuit et quand M. Maurice fut couché, il monta dans le cabinet de travail avec moi.

Il y eut cette nuit-là une garde-robe, c’était la première depuis le 23 mai. Elle n’amena aucun soulagement ; le ballonnement du ventre resta le même…

Mme Sand fatiguée d’être couchée sur le dos se fit transporter sur son canapé.

Au moment où nous la transportions, M. de Vasson qui croyait qu’on avait besoin de son aide se montra à la porte de la chambre ; Mme Sand l’aperçut et demanda qui était là ; quand on eut nommé M. de Vasson, elle s’écria : « Non, non, n’entrez pas, c’est une horreur, c’est une infection ! »

Ces mots revinrent souvent dans sa bouche jusqu’au dernier moment…

Nous jugeâmes la situation tellement grave, — écrit le docteur Peste ! dans l’une de ses Notes ajoutées au manuscrit de M. Harrisse, — que nous priâmes M. Maurice de télégraphier pour faire venir un médecin de Paris. Il nous répondit : « Je vais télégraphier à Favre de venir. » Nous lui dîmes : « Soit, mais qu’il en amène un autre avec lui, nous voulons un médecin d’une science pratique incontestée. » Et comme M. Maurice nous dit ne connaître à Paris d’autre médecin que Favre, nous lui désignâmes Barth ou Jaccoud. Le lendemain 1er juin M. Favre arrivait seul à 8 heures du matin, n’ayant pu amener un des médecins désignés. Il repartait pour Paris à 10 heures et demie avec le mandat d’envoyer de suite au château M. Péan ou un autre. Ce même jour Mme Maurice avait télégraphié à Darchy (ancien médecin de Mme Sand qui habite Chambon, Creuse) de venir. La veille déjà nous avions fait