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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/663

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tement oublié que beaucoup de choses dans la pièce étaient vieillottes, que le père Fauveau, malgré toute sa ruse berrichonne, et son amour de la monnaie, était quand même énormément idéalisé en comparaison de quelque vrai tire-sous des environs de Nohant ou d’Aigurandes, que Sylvain, aussi, avait les sentiments trop délicats, mais surtout un parler trop raffiné pour un gars qui est « le premier à la rège », que le vieux Rémy, bien qu’ « ancien sous-officier et ayant reçu de l’éducation », rappelle trop « les pères nobles », de même Rose, la mère Fauveau et Ronciat, ces trois personnages les plus naturels, les plus vrais et les plus réalistes de la pièce sont aussi trop conventionnels, Mais, nous le répétons, les sceptiques avaient oublié tout cela, le soir du spectacle. C’est ainsi que nous avons vu par hasard deux jeunes snobs, venus entendre Claudie « pour tuer leur soirée », s’écrier en s’asseyant : « On va s’embêter ! On dit que cette George Sand est une raseuse !… On ferait peut-être bien de filer avant que la pièce commence ? » Cependant ils étaient restés, mais ils avaient commencé par écouter d’un air distrait, se communiquant à haute et intelligible voix des remarques sur les personnes connues qu’ils apercevaient dans la salle ; puis, peu à peu, ils devinrent attentifs, ils applaudirent et s’écrièrent : « Mais c’est très bien, c’est tout à fait bien ! » Et après la scène de Rémy et de Ronciat, ils criaient de toute la force de leurs poumons : « Bravo ! Bravo ! » Ils trouvaient que ça, c’était vraiment fort !

Mais rétablissons l’ordre chronologique, négligé par nous, pour parler du spectacle du 1er juillet. Or donc, ce même 1er juillet 1904, à 10 heures du matin, au jardin du Luxembourg, du côté de ce boulevard Saint-Michel où George Sand avait demeuré au début de sa carrière littéraire, eut lieu l’inauguration de la statue de George Sand, sculptée par M. Sicard. L’artiste, fort heureusement, représenta l’illustre femme non pas sous les traits d’une matrone, habillée et coiffée selon l’horrible mode du milieu du dix-neuvième siècle comme l’avaient portraiturée Aimé Millet et Carrier-Belleuse. Il s’était inspiré de Charpentier, du dessin de Calamatta et se servit tant des indications écrites des