Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/96

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est trop longue pour être citée en entier et des pensées détachées de l’ensemble perdraient de leur suite et de leur force de conviction. Cette lettre plairait peu aux féministes actuels, elle prouverait aussi leur erreur à ceux qui prennent George Sand pour l’apologiste et l’avocat des femmes ; mais il est fort douteux d’autre part que des personnes sérieuses et réfléchies, ceux qui en principe ne mettent pas en doute les droits humains et l’égalité morale de la femme, ne soient entièrement d’accord avec cette lettre de George Sand[1]. On peut la lire dans le volume paru en 1904, intitulé : Souvenirs et Idées et présentant un recueil de morceaux et de pages posthumes (nous l’avons mentionné déjà), où cette lettre parut sous le titre arbitraire de : À propos de la Femme dans la société politique[2]. Mais s’étant ravisée, George Sand, au lieu de cette longue réponse traitant le fond de la question, préféra se dégager formellement de toute solidarité avec les femmes qui eurent la fantaisie de mettre son nom sur la liste des candidats, et en même temps elle renia les initiales G. S. qu’on lui attribuait dans le journal « rédigé par des dames ». Dans ce but, elle envoya une lettre à la rédaction de la Vraie République de Thoré et à celle de la Réforme, écrite dans les tenues que voici :

Monsieur,

Un journal rédigé par des dames a proclamé ma candidature à l’Assemblée nationale. Si cette plaisanterie ne blessait que mon amour-propre, en m’attribuant une prétention ridicule, je la laisserais passer, comme toutes celles dont chacun de nous en ce monde peut devenir

  1. Il est très intéressant de confronter cette lettre de George Sand avec la lettre publiée par M. Edouard de Pompéry (fouinériste, ami de Mme Marliani, de M. Anselme Pététin et de Mme Pauline Roland, auteur des livi-es : Démocratie pacifique et Quintessences féminines), lettre dont RL Monia cite un extrait, ainsi qu’avec l’article de George Sand, VEomme et la Femme, écrit le 20 août 1872, publié dans le Temps du 4 septembre de cette même aimée et réimprimé dans le volume des Impressions et Souvenirs. Toutes ces lettres et articles ne laissent subsister aucun doute sur le fait que la question féminine proprement dite « n’existait pas » pour George Sand : elle ne s’intéressait qu’aux questions humaities, et ne partageait nullement les aspirations du féminisme contemporain.
  2. Souvenirs et Idées, p. 19-38.