Page:Karl Rensch, Dictionnaire wallisien-français (1984) OCR 1.djvu/4

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La situation linguistique ne changea pas même après que la République Française déclara Wallis un protectorat en 1872. Comme la présence française dans l'île fut toujours minime, et réduite la plupart du temps à un docteur de l'armée qui s'occupait aussi de l'administration, la langue wallisienne garda son rôle principal de moyen de communication au sein de la population. La connaissance du français resta une exception jusque dans les années 40 de ce siècle. La preuve en est une lettre que l'évêque de Wallis, Mgr A. Poncet, écrivit en 1943 et dans laquelle il rejette une critique en provenance du gouvernement métropolitain, à savoir que l'Église catholique n'avait pas promu suffisamment l'usage du français sur l'île. Mgr Poncet disait simplement, qu'il y avait si peu de personnes sur l'île possédant le français comme langue maternelle, qu'il ne voyait pas du tout la raison pour laquelle la population devrait apprendre le français.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Wallis devint une base américaine dans le Pacifique. À un moment donné, il y eut environ 6000 soldats postés sur l'île. Une fois de plus, la langue anglaise devint prééminente, mais comme les contacts avec la population locale furent fortement découragés par le haut commandement militaire, peu de traces de la présence américaine restèrent dans le lexique.

Néanmoins, la guerre eut indirectement un très gros impact sur la langue et la vie traditionnelle. Elle provoqua des changements sociaux qui affectèrent l'économie, le système politique et le réseau des relations sociales après que les Américains eurent recruté de la main d'œuvre wallisienne pour travailler dans l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie. Le départ de centaines d'hommes pendant les dernières années de la guerre fut le début d'un processus d'émigration qui atteint son maximum dans les années 50, au moment où l'industrie du nickel en pleine explosion provoqua une demande croissante de main d'œuvre. Des familles entières quittèrent leur village d'origine pour aller s'installer de façon permanente en Nouvelle-Calédonie.

En 1961 le statut politique de Wallis et Futuna fut changé par référendum. Les deux îles sœurs devinrent le territoire d'Outre-mer « Wallis et Futuna ». Les conséquences de ce changement furent très grandes, affectant les individus et toute la société. Des réformes qu'on attentait depuis longtemps étaient maintenant entreprises dans le cadre d'un plan de développement spécial. Dans le domaine de l'éducation par exemple, des écoles primaires et un collège furent construits.