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ROMAIN D’ÉTRETAT.

— Ah ! monsieur, vous devriez bien me la narrer.

— Mais tu la sais.

— Oui, certes ; mais j’ai idée que monsieur la contera mieux que moi.

— Tu te trompes, je ne l’ai entendue qu’une ou deux fois, et je ne la sais pas très-bien. C’est toi, au contraire, qui vas me la conter.

— Comme monsieur voudra ; vous me la conterez à votre tour une autre fois. Romain était né à Étretat, et il avait vingt ans en 1812…

Mais nous approchions du rivage ; deux silhouettes m’attendaient sur la grève. Pierre cargua les voiles, et nous abordâmes. C’étaient deux Parisiens.

— Eh bien, vous êtes des nôtres ? me dirent-ils.

— Je n’en sais encore rien.

— Ah bah ! vous viendrez avec nous ; on part dans deux heures ; le temps de bourrer votre sac de nuit.

Je rentrai avec eux dans mon jardin. Le jardin, la maison, tout me parut ravissant : j’aimais tout plus que de coutume, rien que par l’idée que